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3 novembre 2023

La question européenne : le verrou et la pelote

Editorial de la Lettre du mois de l'AGAUREPS-Prométhée n° 166 de Novembre / Décembre, numéro spécial conqcré à la question européenne

Daspe Manif Vendémiaires

La question européenne est centrale. Les bases sur lesquelles s’est réalisée la construction européenne agissent à l’égal d’un verrou. Ce n’est pas une exagération d’affirmer qu’une grande partie des politiques menées dans chacun des Etats membres de l’UE sont pilotées par les instances européennes. Les différents projets doivent passer sous les fourches caudines de la concurrence libre et non faussée. Il en résulte l’injonction à multiplier les privatisations. Les directives de libéralisation affectent de plein fouet les secteurs de l’énergie ou des transports, déstabilisant puissamment de la sorte ces services publics. La politique fiscale est orientée vers la baisse des impôts redistributifs au motif qu’ils mettraient en danger l’investissement et la croissance, pour favoriser les taxes au mieux proportionnelles particulièrement douloureuses les catégories les plus modestes. Des retraites à la réforme territoriale, chacune de ces réformes ayant été qualifiées en leur temps par l’Union Européenne de « mère des réformes », c’est la déclinaison progressive et inéluctable de l’agenda des instances de Bruxelles qui s’impose. On pourrait sans peine multiplier à l’envi les exemples de cette inféodation structurelle.

 

Le risque d’exagération est surmonté à la seule condition d’indiquer qu’à la base se trouve un renoncement fondamental. Tout cela n’est rendu possible que par l’acceptation préalable des Etats à se dessaisir de leur souveraineté en de nombreux domaines touchant aux questions économiques et financières. Le verrou a été actionné par ceux qui se trouvent dépossédés de leurs prérogatives démocratiques. Il s’agit en réalité d’un jeu de rôle bien huilé, dévoilant les mécanismes d’une connivence entre oligarchies, induits par les effets d’une gouvernance de classe. Pourtant, les possibilités de se libérer du carcan européiste existent, pour peu que la volonté ne fasse pas défaut. Il suffirait de dérouler la pelote en tirant l’un des nombreux fils la constituant. Ce pourrait être le cas de la procédure de l’opting-out. Le terme désigne les options de retrait de certaines politiques communes européennes. Quand un Etat considère que ses intérêts vitaux ou stratégiques sont mis en danger, il peut s’en retirer. La France ne l’utilise pas, à l’inverse d’autres pays comme l’Angleterre qui a su en son temps l’actionner (certes pour des motifs opposés à nos idées).

 

Méditons le discours prononcé le 18 janvier 1958 devant l’Assemblée nationale par Pierre Mendès-France, à l’occasion du débat relatif à la ratification du traité de Rome. « Le projet du marché commun, tel qu’il nous est présenté, est basé sur le libéralisme classique du XIX° siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes. […] L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique, au sens le plus large du mot, nationale et internationale ».

 

N’y a pas de plus belle illustration du déficit démocratique qui entache la construction européenne, entre verrou tiré sur les peuples et pelote épaisse à détricoter ?

 

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